Afriknow: La filiere cafe en Afrique - son impact sur l'economie et l'environnement

 

L’article de Patrick Chabert, président de l’Institut International de Caféologie dans LE MAGAZINE AFRIKNOW (10_2015).

Le secteur du café en Afrique se trouve à un carrefour important de son histoire. Il existe aujourd’hui une grande opportunité, dans un contexte de croissance de la demande mondiale et plus particulièrement asiatique, de pouvoir reconstituer son potentiel productif.

 

L’économie du café constitue un enjeu considérable puisque cette boisson devenue universelle est la première matière agricole  échangée dans le monde avant le blé, la  deuxième en termes de valeur après le pétrole.

La consommation mondiale actuelle de café est de 140 Millions de sacs. A l’horizon 2020, elle dépassera les 175 Millions de sacs. Il y aura donc un déficit 35 Millions de sacs, dont l’essentiel sera constitué de café robusta, étant donné la forte demande asiatique qui consomme principalement du café lyophilisé fabriqué majoritairement en utilisant le robusta. L’Afrique a donc toutes les chances de redevenir un leader de ce vaste marché.

Toutefois, les changements climatiques affectent la production de café (surtout Arabica) qui risque d’être freinée si des initiatives ne sont pas engagées rapidement.

 

LES PRINCIPAUX DEFIS DE LA FILIERE CAFÉ EN AFRIQUE

  • Absence de programme de lutte contre les conséquences du changement climatique (affectant surtout les arabicas)
  • Une faible production, associée à la méconnaissance des bonnes pratiques agricoles, (le manque d’interaction avec les centres de recherche).
  • Le manque de compétitivité, dû à la faible performance des filières dans le domaine de la commercialisation, un déficit dans le partage d’information entre les professionnels de la filière, ainsi qu’un accès insuffisant à l’information courante (prix, fournisseurs, etc.).
  • La faible notoriété, des cafés de la région. Faute d’activités promotionnelles, les grands acheteurs du monde ne les connaissent pas.
  • Les déchets générés, de plus en plus à tous les stades du processus de production du café et leur influence sur l’environnement.
  • Une mécanisation insuffisante.


Le changement climatique affecte la production de café et rend la situation économique des pays producteurs encore plus fragile. En réalité, l'agriculture est un des secteurs les plus vulnérables aux effets néfastes du changement climatique. Elle est à la fois victime et cause de ces changements car le secteur agricole contribue à 12% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Les bio-déchets de café  qui ne sont pas efficacement traités, deviennent émetteurs de CO2 et

Méthane, deux gaz à effet de serre. Aujourd’hui, les résidus du traitement du café (la pulpe, la peau) sont brûlés ou jetés dans les rivières.

 

OPPORTUNITES ET BENEFICES POUR L'AFRIQUE 

Il existe un certain nombre de raisons pour lesquelles le café représente aujourd’hui une opportunité importante pour l’Afrique:

1)  L’IMPORTANTE CROISSANCE ANTICIPEE de la demande mondiale d’ici 2020.

2) UNE CULTURE PROFITABLE POUR LES PLANTEURS grâce aux techniques adaptées basées sur, entre autres :

a) Une analyse approfondie de l’environnement, permettant l’évaluation de la vulnérabilité de la plantation aux agents pathogènes et la détermination de solutions possibles,

b) L’amélioration qualitative du sol par l’utilisation de procédés naturels peu couteux, permettant, entre autres, d’optimiser la production du café et d’en améliorer la qualité.

c) La création d’une exceptionnelle valeur ajoutée, grâce à un LABEL qui correspond parfaitement à la demande du consommateur toujours plus exigeant. Il est évident que l’incidence qualitative induite, aura à court termes un impact sensible sur le prix du café, et contribuera ainsi à l’amélioration des conditions de vie de tous les intervenants de la filière café.

d) La création de richesse et d’emplois en milieu rural à travers toute la région contribuant à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs concernés, ainsi que des autres intervenants locaux et la sécurité alimentaire grâce à la stabilisation des revenus des foyers ruraux.

 

ECONOMIE CIRCULAIRE POSSIBLE

Cette économie circulaire nous permet à chaque étape de production de réutiliser les composantes obtenues y compris ‘’les déchets’’  pour créer des matières valorisées à nouveau consommables, au moins de trois façons :

  • La valorisation matière : la création des  matières premières secondaires.
  • La valorisation énergétique: la création de l’énergie électrique ou thermique.
  • La valorisation biologique : la création du compost et des composants bioactifs.

Ainsi cette conception circulaire de l’exploitation de la ressource café s’opposera à l’exploitation sans limites des ressources.

 

Patrick CHABERT

Président de l'Institut International de Caféologie